Limiter le risque routier en milieu professionnel

En France, près de 30 % des accidents mortels au travail sont liés aux déplacements professionnels, qu’il s’agisse des trajets domicile-travail ou des missions effectuées dans le cadre de l’activité professionnelle. Ce constat souligne l’importance de la prévention du risque routier pour les entreprises. Adopter des mesures de prévention permet non seulement de protéger la sécurité des employés, mais aussi de réduire les coûts financiers et de satisfaire aux obligations légales en matière de santé et de sécurité au travail. Dans cet article, nos experts vous présentent des conseils pratiques et des solutions efficaces pour limiter le risque routier en milieu professionnel et garantir des déplacements plus sûrs pour vos collaborateurs.

Qu’est-ce que le risque routier en milieu professionnel ?

Le risque routier en milieu professionnel désigne tout accident de la route survenant dans le cadre d’une activité professionnelle. Ce risque peut se manifester de deux manières principales : les trajets entre le domicile et le lieu de travail, ou les déplacements professionnels réalisés dans le cadre des missions.

Les accidents routiers peuvent avoir des conséquences graves, engendrant des blessures qui, dans les cas les plus tragiques, peuvent s’avérer mortelles. En plus des impacts physiques et émotionnels sur les employés et leurs familles, les entreprises doivent également faire face à des coûts financiers significatifs. Les coûts directs des accidents, tels que les soins médicaux et les arrêts de travail, peuvent rapidement s’accumuler. Parallèlement, les coûts indirects, incluant le remplacement de véhicules, la perte de productivité et les dommages matériels, peuvent également peser sur les finances de l’entreprise.

Plusieurs facteurs contribuent aux accidents routiers professionnels :

La réglementation autour de la sécurité routière au travail

La sécurité routière en milieu professionnel est encadrée par des réglementations spécifiques qui imposent des obligations claires aux employeurs. En effet, l’employeur a une obligation générale de sécurité envers ses employés, ce qui comprend la protection de leur intégrité physique lors des déplacements professionnels.

Les articles L. 4121-1 à L. 4121-5 du Code du Travail stipulent plusieurs responsabilités pour les employeurs, notamment :

• Évaluer les risques professionnels : L’employeur doit évaluer les risques auxquels ses salariés sont exposés, y compris les risques liés aux déplacements routiers. Cela implique d’identifier les dangers potentiels et de mesurer leur impact sur la santé et la sécurité des employés.
• Mettre en place des actions de prévention : Une fois les risques identifiés, l’employeur doit mettre en place des actions de prévention adaptées pour réduire ou éliminer ces dangers. Ces mesures peuvent inclure des formations, des équipements de sécurité, ou encore des modifications des pratiques de travail.
• Informer et former les salariés : Il est impératif que les salariés soient informés et formés sur les risques liés à la circulation routière et sur les moyens de les prévenir. Cela peut passer par des sessions de sensibilisation sur la sécurité routière ou des formations spécifiques.
• Assurer une surveillance de l’état de santé : L’employeur doit également veiller à la santé des salariés, en particulier ceux qui passent beaucoup de temps sur la route, comme les commerciaux ou les chauffeurs. Une surveillance régulière permet d’identifier d’éventuels problèmes de santé pouvant affecter la conduite.

L’évaluation des risques doit être formalisée dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP), qui constitue un outil de référence pour la gestion des risques au sein de l’entreprise. Ce document doit être régulièrement mis à jour et tenir compte des évolutions de l’activité et des risques.

Pour les entreprises de transport ou celles qui emploient des chauffeurs, des règles spécifiques s’appliquent, fixées par le règlement européen 561/2006. Parmi celles-ci :

Temps de conduite maximum

Les chauffeurs ne doivent pas dépasser 9 heures de conduite par jour, ce temps pouvant être porté à 10 heures deux fois par semaine.

Pause obligatoire

Une pause de 45 minutes est requise après 4 heures et 30 minutes de conduite, afin de garantir la sécurité des conducteurs.

Temps de repos journalier

Les chauffeurs doivent bénéficier d’un minimum de 11 heures consécutives de repos quotidien pour éviter la fatigue.

Enfin, il est important de noter que les accidents de la route survenus dans le cadre de déplacements professionnels sont considérés comme des accidents du travail, conformément à l’article L. 411-1 du Code de la Sécurité Sociale. Cela signifie que les employés concernés bénéficient des protections légales liées aux accidents du travail, ce qui renforce encore l’importance pour les employeurs de mettre en place des mesures de prévention efficaces.

La prévention des risques routiers en entreprise

Pour assurer la sécurité des employés lors de leurs déplacements professionnels, il est essentiel de mettre en place des mesures de prévention efficaces. Voici quelques stratégies clés pour réduire le risque routier en milieu professionnel :

1. Former les employés à la conduite sécurisée

La formation des employés est un pilier fondamental de la prévention des risques routiers. Des formations régulières doivent être organisées pour sensibiliser les conducteurs aux bonnes pratiques de conduite. Parmi les thèmes essentiels à aborder : anticipation des dangers, respect des distances de sécurité , gestion de la fatigue, conduite en conditions difficiles, limitation des distractions au volant…

2. Gérer le temps de travail et les déplacements

Une organisation efficace du temps de travail et des déplacements peut considérablement réduire les risques routiers. Plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre :

• Éviter les déplacements inutiles : Promouvoir le télétravail ou les visioconférences pour limiter les déplacements professionnels non essentiels.
• Planifier les trajets : Encourager les déplacements en dehors des heures de pointe pour minimiser le stress lié à la circulation et prévoir des temps de repos suffisants.
• Limiter les horaires contraignants : Éviter de fixer des délais trop serrés pour les missions et encourager le covoiturage ou l’utilisation de transports en commun lorsque cela est possible.

3. Vérifier régulièrement l’état des véhicules

Un entretien rigoureux des véhicules est essentiel pour éviter les pannes et les accidents. Assurer un contrôle systématique des pneus, des freins, des éclairages et des autres éléments mécaniques cruciaux. Veiller à ce que chaque véhicule soit équipé des dispositifs de sécurité nécessaires, tels qu’un gilet réfléchissant, un triangle de signalisation, un extincteur, etc. Utiliser des véhicules spécifiquement adaptés à l’activité professionnelle, prenant en compte le transport de charges lourdes ou les conditions particulières de terrain.

4. Suivi et retour d’expérience

La mise en place de mesures de prévention doit être accompagnée d’un suivi rigoureux et d’une culture du retour d’expérience. Si des accidents ou des incidents surviennent, il est crucial de :

La prévention du risque routier se révèle ainsi être une obligation légale essentielle, mais elle constitue également un levier stratégique de performance et de responsabilité sociale. En investissant dans la sécurité routière, les entreprises renforcent leur image de marque, améliorent la satisfaction de leurs employés et favorisent un environnement de travail sain et sécurisé. Une approche proactive dans ce domaine ne contribue pas seulement à réduire les risques, mais également à promouvoir une culture de sécurité durable, bénéfique tant pour les employés que pour l’organisation dans son ensemble.

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